En résumé
Un train qui roule dans la nuit. Une femme qui lit distraitement. Un homme qui
ne peut s’empêcher de lui lancer des regards furtifs. Il est attiré
par elle. Elle s’en rend rapidement compte. Elle aussi est peut-être
attirée par lui. Ils pourraient, par exemple, s’aimer clandestinement…
Le nouveau roman d’Eliette Abécassis, 35 ans et déjà
quelques beaux succès derrière elle, comme Qumran en 1998, commence
comme un roman de gare, manipule tous les clichés du roman de gare, mais
n’est pas un roman de gare. Ce serait plutôt un faux roman de gare
qui s’intéresse, par le biais de la séduction nocturne entre
un homme et une femme, à la question de l’Autre. Un clandestin
par exemple… Et en effet, l’homme en train de tomber amoureux d’une
femme dans le compartiment d’un train de nuit est cela, un clandestin,
un apatride, un SDF international comme ceux qu’« abritait »
encore récemment le camp de Sangatte. Bref, un Autre en tant qu’il
est à la fois proche et lointain ; en tant, surtout, qu’il n’est
rien socialement - un fuyard sans même un billet pour voyager. Et elle,
qu’est-elle ? Tout. Une élite de la République française,
une énarque les yeux braqués sur son avenir se prenant soudain
le hasard de la vie en pleine face.