Mustang, de Deniz Gamze Ergüven:
La projection de Mustang au cinéma « Hollywood avenue » de Montdidier de ce mercredi 6 Février, qui fut un bon moment de partage, a su satisfaire notre curiosité. Le film nous a fait découvrir l’histoire des cinq adolescentes représentées sur l’affiche et la bande annonce : il s’agit de cinq sœurs orphelines – Selma, Sonay, Ece, Nur et Lale – qui vivent chez leur grand-mère avec leur oncle Erol. Après avoir joué dans la mer avec des garçons, cueilli et croqué des pommes dans une scène qui évoque le péché originel, elles sont,
comme Raiponce, enfermées dans la maison familiale : le fait d’être montées sur les épaules des garçons est interprété comme une obscénité dans le village isolé de Turquie où elles vivent. On leur confisque alors l’ordinateur, le téléphone et une carte postale représentant le célèbre tableau de Delacroix, La Liberté guidant le peuple. Des barreaux sont posés aux fenêtres. Les adolescentes doivent porter des robes « couleur de merde », comme le dit Lale en voix off, apprendre à cuisiner, faire le ménage à la manière de Cendrillon, pour être mariées. Le film s’assimile alors à un film de prison : les lignes verticales et horizontales blanches sur le carton noir du générique trouvent un écho dans les plans sur les grilles qui clôturent la maison,
les murs, portes et fenêtres. Par ailleurs, les plans rapprochés en caméra portée enferment les adolescentes dans le cadre insistant sur leur emprisonnement. Mais Lale, la plus jeune des cinq sœurs, comme un mustang qui ne se laisse pas capturer, se rebelle. D’abord, elle organise une échappée pour assister à un match de foot
grâce à l’aide de Yasin, un livreur rencontré sur la route. Ensuite, Lale cherche à dissuader Selma d’accepter le mariage auquel on veut la contraindre, tandis que Sonay parvient à épouser celui qu’elle aime. Enfin, séparée de deux de ses sœurs aînées après le mariage, Lale prépare une évasion : elle met de l’argent de
côté et décide d’apprendre à conduire en cachette, tandis qu’on comprend que l’oncle Erol abuse sexuellement de ses nièces. Ece, qui adopte des comportements dangereux, finit par se suicider dans une séance où la mort succède brutalement aux rires. C’est alors au tour de Nur d’être mariée de force. Mais c’est sans compter sur l’intervention de Lale qui parvient, le soir même des noces de sa sœur, à s’évader
avec cette dernière pour Istambul où Dilek, l’enseignante bienveillante que Lale a quittée au début du film, les recueille. Ainsi le début et la fin du film se répondent donnant à Mustang une structure circulaire et
faisant de Lale une véritable héroïne de conte qui, grâce à son courage et sa ténacité, est parvenue à surmonter les épreuves qui lui ont été imposées. La fin, préparée par un procédé de « set-up/pay off », réutilise l’adresse de l’enseignante représentée au début du film. De même, l’entrée des cinq sœurs dans un tunnel au début du film est reprise à la fin avec une sortie des seules Lale et Nur du tunnel, ce qui symbolise leur émancipation – une émancipation rendue possible par l’intervention du livreur et de l’enseignante, qui, à eux deux, incarnent la route vers un savoir au pouvoir émancipateur.
Article rédigé par la classe de 2nde 1 du lycée Jean Racine de Montdidier, dans le cadre du cours de français de Morgane Le Nader et du dispositif « Lycéens et apprentis au cinéma »