La situation des juifs en Pologne depuis la seconde guerre mondiale

Entre 40 000 et 100 000 Juifs polonais survécurent à l’Holocauste en se cachant ou en rejoignant des groupes de résistants polonais et soviétiques. 50 000 à 170 000 autres furent rapatriés d’Union soviétique et 20 000 à 40 000 d’Allemagne et des pays voisins. On estime qu’à cette période le maximum de Juifs en Pologne à atteint 180 000 à 240 000 individus, principalement dans les villes : Varsovie, Łódź, Cracovie et Wrocław.

Juste après la fin de la seconde guerre mondiale, les Juifs commencèrent à émigrer de Pologne. Ce phénomène fut encore accéléré par le renouveau de violences dirigées contre les Juifs, en particulier le Pogrom de Kielce en 1946, le refus du régime communiste de restituer les biens confisqués aux Juifs avant guerre et le souhait de quitter les communautés détruites par l’Holocauste pour entamer une nouvelle vie en Palestine mandataire. 100 000 à 120 000 Juifs quittent ainsi la Pologne entre 1945 et 1948. Leur départ était en grande partie organisé par des activistes sionistes en Pologne comme Adolf Berman et Icchak Cukierman avec la protection d’une organisation semi-clandestine Berihah.

Pour ceux qui décidèrent de rester en Pologne, la reconstruction d’une vie juive en Pologne sera organisée entre 1944 et 1950 par le Comité central des juifs polonais (Centralny Komitet Żydów Polskich, CKŻP) dirigé par un ancien activiste du Bund, Szloma Herszenhorn. Le CKŻP fournissait des services dans les domaines légal, de l’éducation, social, culturel et de la propagande. Une communauté religieuse juive, couvrant le pays entier et menée par Dawid Kahane, qui faisait office de grand rabbin des forces armées polonaises, fonctionna de 1945 à 1948 avant d’être intégrée par le CKŻP. Onze partis juifs indépendants (dont huit déclarés) existèrent en Pologne jusqu’à leur dissolution en 1949.

Un certain nombre de Juifs polonais participèrent à la mise en place du régime communiste amenant à la création de la République populaire de Pologne. beaucoup d’entre eux occupèrent des postes importants au politburo du Parti ouvrier unifié polonais (comme Jakub Berman - responsable de la sécurité ou Hilary Minc – responsable de l’établissement d’une économie de type communiste) ainsi que de l’appareil de sécurité Urząd Bezpieczeństwa (UB) et dans les domaines de la diplomatie/espionnage (comme Marcel Reich-Ranicki). Après 1956, pendant la déstalinisation en Pologne sous le régime de Władysław Gomułka certains officiers de l’Urząd Bezpieczeństwa (UB) dont Roman Romkowski (alias Natan Grunsapau-Kikiel), Jacek Różański (alias Jozef Goldberg), et Anatol Fejgin seront poursuivis pour "abus de pouvoir" comportant des actes de torture sur des Polonais anti-communistes (dont Witold Pilecki). Ils furent condamnés à de lourdes peines de prison. Un agent de l’UB, Józef Światło, (alias Izak Fleichfarb), après être passé à l’Ouest en 1953 communiqua sur Radio Free Europe les méthodes employées par l’UB, ce qui entraînera sa dissolution en 1954.

Quelques institutions culturelles juives sont créées à cette période dont le Théâtre national yiddish en 1950 et dirigé par Ida Kamińska, l’Institut de l’histoire juive, une académie spécialisée dans la recherche historique et culturelle sur les Juifs de Pologne ou le journal yiddish Folks-Shtime (La Voix du peuple).

Sources : Wikipedia